IDENTITÉ Blythe Peerson. STATUT Célibataire. LIEU DE NAISSANCE Londres, Angleterre. AGE Vingt-quatre ans.

CARACTÈRE Attentionnée, sociable, intelligente, sensible, imprévisible, rancunière, jalouse, indépendante, joueuse, têtue, colérique, impulsive, susceptible, ouverte, active et bosseuse. GROUPE Le personnel. MÉTIER OU ÉTUDES Secrétaire le jour et le soir, barmaid dans une boîte de nuit.

TASTE ME DRINK MY SOUL

Je n'ai jamais perdu l'espoir d'un jour le revoir. Pourtant, je connaissais très bien la relation qu'entretenaient mes parents. Des disputes, des cris, des pleures. Mon père quittait souvent la maison, en revenant le lendemain et suppliant ma mère de lui pardonner. Mais, un lendemain suivant une énième dispute, il n'était pas présent au petit-déjeuner. Les yeux rouges de ma mère, et ses perpétuels reniflements me faisaient comprendre qu'il ne reviendrait pas. Tout le monde à Londres était au courant que Monsieur Peerson était infidèle à sa femme, et que celle-ci avait du mal à le supporter. Il avait dépassé les limites, elle lui avait dit de ne pas revenir. Quatorze ans que les souvenirs de mon paternel ne sont que de simples photos. Il a essayé de reprendre contact, ma mère lui en a interdit. Mon bonheur, elle disait vouloir mon bonheur. Savait-elle exactement la définition du mot « bonheur » ? Peut-on vraiment vivre dans l'existence d'un père ? J'en doute.
J'ai retrouvé l'image de mon père à travers un jeune homme, Caleb. Un homme à femme, sans doute, peu importe. Il avait des traits merveilleusement dessinés, des lèvres qui étaient d'une couleur rosée, sa barbe de trois jours et un regard pénétrant. Mon premier amour, et bel et bien ma première fois. Si Caleb avait derrière lui un nombre inimaginable de conquêtes, j'attendais en quelque sorte le bon. Pourtant, je me suis donnée à lui en m'attendant à le voir aller vers une autre dans les jours à venir. J'étais amoureuse, les sentiments que j'éprouvais à son égard restaient au plus profond de moi. Une peur, ou un doute, je l'ignore encore. Seulement, je ne souhaitais pas entendre que l'amour que je lui portais, n'était pas réciproque. Plus notre relation durait en prenant de l'importance, plus je m'éloignais, menant à sa fin. Après les études, Caleb ne fut qu'un vague souvenir, du moins j'ai essayé de le laisser tel quel. Je me devais de passer à autre chose, qui a dit qu'on n'oublie pas son premier amour ? Cette personne n'avait pas tort. Il avait beau avoir tous les défauts du monde, il restait l'homme parfait. Je n'ai jamais eu une relation où je ne regrettais pas Caleb. Sa peau contre la mienne, son souffle sur ma peau, ses bras m'enveloppant et ses lèvres goûtant les miennes, il avait réussi à me faire aimer une personne. Si j'ai enchaîné les relations dans l'espoir de retrouver l'amour, cela fut loupé. Je n'ai jamais eu cette petite étincelle qui me disait « Fonce Blythe, fonce ! », comme lors de mon adolescence.
L'amour c'est terminé, ce sentiment n'est pas pour moi. Je suis mieux seule dans mon minable appartement que je paye en travaillant avec deux boulots parce que j'ai du mal à joindre les deux bouts. La vie que j'avais rêvé s'est envolée, je ne suis pas une femme riche et mariée à l'homme parfait avec deux enfants incarnant la perfection. Non, je suis seule. Une secrétaire le jour, une barmaid la nuit. Si l'écriture est ma première passion, je ne suis pas arrivée à percer dans le journalisme, si l'hôtellerie était la deuxième, je suis arrivée à avoir un travail de barmaid. Je regrette mon enfance, si tout n'était pas rose à cette époque, aujourd'hui c'est bien pire. J'ai décidé de partir quelque temps en faisant le tour du monde. Non, je n'ai pas gagné au loto, non je n'ai pas été sélectionnée, j'y vais en y travaillant. Une jolie petite blonde derrière un bar qui va déployer ses talents de barmaid, presque la classe. Qui sait, je trouverais peut-être un riche héritier voulant bien de moi en tant que femmes. Soyons sérieux, si j'ai décidé de changer d'air, c'est pour quitter Londres. Ma mère m'est devenue insupportable, notre relation ne rime à rien, et l'espoir de retrouver mon père reste minime. Mes boulots me prennent tout mon temps, alors qu'ici je pourrais assembler travail et détente, du moins je l'espère.

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